« L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. »
Mélanges, (Fragment 557, Sellier)
Comment est représenté Blaise Pascal dans l'art et l'imaginaire collectif ?
Vous allez découvrir des représentations de cet écrivain et ce savant à travers les œuvres du Musée d'Art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand, mais aussi par des gravures de la bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand.
Aussi, comment Blaise Pascal est-il représenté dans la publicité ? Une sélection de documents de la bibliothèque du Patrimoine vous est présentée.
Enfin, vous entendrez des appréciations d'écrivains faisant l'éloge ou la critique de Blaise.
« Blaise Pascal impressionne par l’empan de ses domaines d’intérêt, de ses recherches et de ses connaissances, sa capacité d’abstraction hors du commun et son exceptionnelle éloquence », écrit Charles Gardou. Blaise Pascal a eu une vie courte mais intense. Elle est racontée par sa sœur Gilberte Périer qui a composé une Vie de M. Pascal inspirée par l’affection et l’admiration qu’elle portait à son frère. Toujours selon Charles Gardou, « Blaise Pascal n’oublie jamais les propos de sa sœur Jacqueline : « Un malade peut, peut-être, mieux faire qu’un homme bien sain ! ». "Aussi mène-t-il sa vie comme un perpétuel défi, faisant de la précarité la clé de la condition de l’homme ».
Gilberte Périer, la sœur de Blaise Pascal, a composé une Vie de M. Pascal inspirée par l’affection et l’admiration qu’elle portait à son frère, voici des extraits en image :
Si brève qu’elle ait été, la vie de Blaise Pascal se prête difficilement au résumé. Tout au plus peut-on en donner une idée sommaire, en présentant les domaines dans lesquels il a exercé son activité.
L’éducation de Blaise Pascal est assurée par son père, qui, sans pour autant négliger son instruction littéraire, lui fait connaître les milieux savants, et lui inculque un goût passionné pour la recherche de la vérité, dans tous les domaines, dans les sciences comme dans la foi.
Dès son jeune âge, Blaise se signale par des travaux scientifiques auxquels le milieu parisien de l’Académie du Père Mersenne apporte son soutien : inspiré par les ouvrages du lyonnais Girard Desargues, il compose un Traité sur les sections coniques, puis un Traité du triangle arithmétique qui établit des liens entre la théorie des nombres, les combinaisons et surtout la « géométrie du hasard », ancêtre du calcul des probabilités, dont il partage l’invention avec Pierre Fermat. Fort jeune, il met au point la machine arithmétique qui annonce de loin la mécanisation du calcul et de la pensée. Jusqu’à la fin de sa vie, il poursuivra des recherches mathématiques, notamment en 1658-1659 par la publication des Lettres de A. Dettonville sur la cycloïde, à laquelle il applique une méthode toute personnelle pour trouver les centres de gravité.
Ses goûts scientifiques s’étendent à la physique : ses Expériences nouvelles touchant le vide, suivies du Récit de la grande expérience réalisée sur le puy de Dôme, pour prouver solidement l’existence du vide et de la pression atmosphérique témoignent de son esprit d’invention et son sens de l’expérimentation concrète. Il fait ensuite une ample synthèse de l’hydrostatique dans ses Traités de l’équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l’air. Ces recherches scientifiques s’accompagnent souvent de réflexions sur ce que la science peut apporter à la méthode de la pensée et la communication des idées, comme en témoigne l’opuscule De l’esprit géométrique, qui a profondément marqué l’histoire de la logique.
Il ne faut cependant pas imaginer Pascal confiné dans son cabinet de travail. Au cours de sa « période mondaine », il fréquente le monde parisien, et se lie avec le duc de Roannez et Mme de Sablé, fort ouverts aux préoccupations savantes. C’est par là qu’il met au point la rhétorique qui fera des Provinciales le grand succès littéraire du XVIIe siècle avec l’Astrée d’Honoré d’Urfé.
C’est dans le monde que Pascal manifeste une activité étonnante pour un homme qui a, plusieurs fois dans sa vie, subi de violentes atteintes de maladie. C’est un homme d’action : il ne se contente pas d’inventer sa machine arithmétique, il prend la peine d’aller la présenter dans le monde. Sur la fin de sa vie, il conçoit et crée la compagnie des carrosses à cinq sols, l’ancêtre de nos transports en commun urbains, qui rencontre un succès considérable tant qu’il la conduit. Et de manière plus aventureuse, au cours de la campagne des Provinciales, dans laquelle il se lance pour défendre son ami le docteur en théologie Antoine Arnauld, puis s’en prendre aux doctrines des jésuites, il est contraint de se jeter dans la clandestinité, la police du royaume et la Compagnie de Jésus à ses trousses (bon chien chasse de race : son père en avait fait autant, mais c’était pour protester contre les impôts).
La vie de Pascal est scandée par des conversions successives. Il n’a jamais eu à passer de l’incroyance à la foi. La conversion, dans son cas consiste dans le passage d’une foi chrétienne tiède à une foi plus intense. Très tôt, sa pensée est profondément marquée par l’empreinte de saint Augustin, et le lien qui s’est établi entre sa famille et le groupe de Port-Royal. C’est en 1654 qu’il vit la «nuit de feu » dont il rend compte dans le Mémorial manuscrit qu’il a toujours conservé avec lui. Ses écrits théologiques sur la grâce, sa Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, les dix-huit Provinciales et les quatre Écrits pour les curés de Paris témoignent d’une vie religieuse qui ne se confine pas dans la pure spiritualité personnelle : Pascal ne néglige ni l’approfondissement de la théorie théologique, ni la prière qui tend à tourner toute la vie vers Dieu, ni l’intervention dans le débat public. Les Pensées, dont les manuscrits ont été retrouvés après sa mort, montrent qu’il voulait consacrer ses dernières années à composer une « apologie de la religion chrétienne », qui est un appel à la réflexion et à la recherche religieuse.