Les Pensées de Pascal

« La vraie éloquence se moque de l’éloquence. La vraie morale se moque de la morale, c’est‑à‑dire que la morale du jugement se moque de la morale de l’esprit qui est sans règles.
Car le jugement est celui à qui appartient le sentiment, comme les sciences appartiennent à l’esprit. La finesse est la part du jugement, la géométrie est celle de l’esprit.
Se moquer de la philosophie c’est vraiment philosopher. »
Mélanges, (Fragment 671, Sellier)

Maquette en bois à l'échelle 1/10e du carrosse à 5 sols réalisé par Mr René Geoffre ( Maquette visible dans l'espace Blaise Pascal du Musée Lecoq)
Maquette en bois à l'échelle 1/10e du carrosse à 5 sols réalisée par M René Geoffre (Maquette visible dans l'espace Blaise Pascal du Musée Lecoq)

En 1662, Blaise Pascal et le Duc de Roannez fondent une société de transport en commun, avec le marquis de Sourches et le marquis de Crenan, pour l'exploitation de carrosses qui font toujours les mêmes trajets dans Paris, à heures fixes, même vides, et s'arrêtent toujours aux mêmes endroits pour un prix unique de 5 sols. Pascal y investit la dot, restituée par Port-Royal, de sa défunte sœur Jacqueline afin d'aider les plus démunis sur une longue durée.

La première route ouvre le 18 mars 1662. Elle conduit de l'hôtel du duc de Roannez à la demeure de Pascal tout en desservant des lieux très fréquentés comme Châtelet, Palais de Justice, Foire Saint-Germain. La deuxième route ouvre le 11 avril 1662. A la demande du roi, elle dessert le Louvre. La « correspondance » apparaît pour la première fois : il faut changer de carrosse au cimetière des Saints Innocents pour aller du Luxembourg au Palais Royal. Le 22 mai 1662, la troisième route offre plusieurs lieux de correspondance avec les deux premières. La quatrième ouvre le 24 juin 1662 : cette « route du tour de Paris » coupe toutes les autres et, en l'empruntant, il est possible d'aller dans tous les quartiers de Paris. La cinquième et dernière route voit le jour le 5 juillet 1662.

Les carrosses à cinq sols, ou les omnibus du dix-septième siècle (Cote : P 60553)
Les carrosses à cinq sols, ou les omnibus du dix-septième siècle (Cote : P 60553)

C'est un véritable succès. Pascal et ses associés souhaitent tenter l'expérience dans d'autres villes. Un projet est élaboré du vivant de Pascal pour l'établissement de carrosses à Lyon mais il n'aboutit pas. Un même projet est proposé à Christian Huygens pour Amsterdam mais, vu la configuration de la ville, l'entreprise ne lui paraît pas réalisable. Pascal décède un mois après la mise en route de la cinquième ligne. Il donne, par testament, aux Hôpitaux généraux de Paris et de Clermont-Ferrand, la moitié de sa part aux pauvres. En 1691, toutes les parts des carrosses à cinq sols sont rachetées par les propriétaires des « carrosses à l'heure » qui les suppriment. Il faudra attendre 1828 pour voir réapparaître les transports en commun à Paris.