Les Pensées de Pascal

"Ferox gens nullam esse vitam sine armis rati,
Ils aiment mieux la mort que la paix, les autres aiment mieux la mort que la guerre. Toute opinion peut être préférable à la vie, dont l'amour paraît si fort et si naturel. »
Vanité, (Fragment 63, Sellier)

Château de Bien-Assis, vue générale (Cote : 981.42.2, Musée d'Art Roger Quilliot)

Le château de Bien-Assis, édifié au Moyen Age, est situé au nord de Clermont-Ferrand à côté du couvent des Carmes Déchaussés (au niveau du site actuel des Carmes).

Estampe librement inspirée du dessin de Guillaume Revel, représentant une vue cavalière de Clermont derrière ses remparts vers 1460
La Comté et évêché de Clermont (Cote : CA 88)
Plan de la ville de Clermont capitale de toute la province d'Auvergne
Plan de la ville de Clermont capitale de toute la province d'Auvergne (Cote : CA 5007)

L'attestation la plus ancienne du château se trouve dans le dessin de Guillaume de Revel dans son armorial en 1450 dont voici une estampe librement inspirée représentant une vue cavalière de Clermont derrière ses remparts vers 1460 (cote : CA 88). On retrouve le château de Bien-Assis sur le plan historique de Clermont dessiné par l'artiste clermontois François Fuzier en 1574 et publié en 1575 dans la Cosmographie universelle de tout le monde de François de Belleforest. Ses enceintes ont disparu. Sur ce plan daté de 1725 Plan de la ville de Clermont capitale de toute la province d'Auvergne (Cote : CA 5007) copie du 19e siècle d'un plan conservé à la Bibliothèque Nationale figure le château de Bien-Assis.

Florin Périer, le beau-frère de Blaise Pascal achète la propriété en 1652 et y accueille Blaise Pascal lors de ses séjours à Clermont. C'est à Bien-Assis que Blaise Pascal aurait pris des notes pour écrire Trois discours sur la condition des Grands. Des photographies du château de Bien-Assis témoignent d'une sobriété du cadre de vie bannissant le superflu.

Voici comment l'historien Pierre de Nolhac décrit la demeure dans Pascal en Auvergne :
« Le château de Bien Assis, dont le nom caractérise l'aimable site, était une ancienne habitation, voisine de coteaux de Chanturgue, au bord du ruisseau Tiretaine. Récemment agrandie, elle présentait un corps de logis à six fenêtres de façades flanqué de deux gros pavillons. Du côté de la cour, un portail gothique, une tourelle suspendue sur les fossés rappelaient la maison du moyen âge.[…] Bien Assis, la maison des Périer et de sa sœur Gilberte, la gentilhommière en face de la ville, où le jardin était large et paisible, avec la vue des remparts, des clochers, des proches montagnes, c'est là que la présence de Pascal s'évoquait le mieux. C'est là qu'il avait restauré sa santé épuisée par le travail de l'esprit, en ce dernier séjour de quelques mois, qui prolongea ses forces de deux années, les plus fécondes de sa courte vie. Il y a montré parmi les siens, les sentiments d'un coeur fidèle et la joie de ce retour qui semblait lui procurer la guérison. Il y a couvert de sa rapide écriture plus d'un de ces bouts de papier à jamais vénérables, qui sont devenus Les Pensées. »

La ville et cité Clermont, plan Fuzier (Cote : CA 89)
La ville et cité Clermont, plan Fuzier (Cote : CA 89)

Le château de Bien-Assis tel qu'il était au XVIIe siècle présenté au Muséum Henri-Lecoq

Quand les copies des Pensées de Blaise Pascal sont terminées, Gilberte Périer emporte en 1664 les autographes des Pensées au château de Bien-Assis où ils sont conservés dans le cabinet de livres pendant 50 ans. Par la suite, Louis Périer établira le recueil Original des Pensées et le dépose à la bibliothèque de St-Germain-des-Prés à Paris.

château de Bien Assis, porte d'entrée
Château de Bien-Assis, porte d'entrée (Cote : 981.42.16, Musée d'Art Roger Quilliot)

Marguerite et Louis Périer continuent à habiter le château après la mort de Gilberte Périer en 1687 mais ils rencontrent des difficultés financières et le vendent en 1702 à M Martial Clary de St Angel, conseiller du roi en la Cour des Aides. Plusieurs propriétaires vont en faire l'acquisition (De Varennes, seigneurs de Champfleury, Cisternes), puis en 1817, les frères des Ecoles Chrétiennes y font leurs classes. Au XIXème siècle, le château est loué par la société Torrilhon, Verdier et Cie, fabricants de caoutchouc. La société Michelin, qui l'achète en 1912 décide de le détruire en 1914 pour construire le site des Carmes. Le porche de l'entrée et une fontaine en tête de lion sont conservés et déplacés dans le jardin Lecoq à Clermont-Ferrand. La balustrade de la façade sud en pierre de Volvic est sauvée et orne désormais la façade principale d'une grande villa située au bord du Gour de Tazenat.

La situation du château de Bien-Assis

plan de Bellaigue de bughas de la maison de Blaise Pascal extrait d'un ouvrage( Cote : A 31185)
Plan de Bellaigue de Bughas de la maison de Blaise Pascal extrait d'un ouvrage ( Cote : A 31185)

Blaise Pascal serait né dans la maison de la famille Pascal ou dans un immeuble de la paroisse Saint Pierre (le 19 juin 1623). Il perd sa mère à l'âge de 3 ans et vit à Clermont jusqu'à l'âge de 8 ans et demi. En 1631, Etienne Pascal et ses enfants s'installent à Paris.

Plan pour servir aux recherches sur la Maison de Pascal (Cote : A 33069)
Plan pour servir aux recherches sur la Maison de Pascal (Cote : A 33069)

Ce n'est qu'au début du XIXe siècle, que les recherches de Benoît Gonod et de Bellaigue de Bughas ont permis d'identifier la maison de Blaise Pascal. Etienne Pascal achète deux maisons : l'immeuble Cohendy (cf plan B de B) (du nom du propriétaire au XIXe siècle) qui donne sur la rue des Gras et l'immeuble Dauzat (cf plan B de B) (du nom du propriétaire au XIXe siècle) donnant sur la rue des Chaussetiers (anciennement rue des Petits-Gras). Les deux immeubles formant l'hôtel de Langhac. Il semblerait que la famille Pascal ait habité une maison plutôt que deux mais nous ne savons pas laquelle. (Ces maisons ont subi des transformations au cours des siècles du fait qu'elles aient appartenu à différents propriétaires.)

La maison de Blaise Pascal donnant sur la rue des Gras possède une terrasse. Sous cette terrasse se trouve l'écurie qu'Etienne Pascal souhaite transformer en boutique. On y trouve également une ancienne chapelle située dans la cour intérieure. Etant de plain-pied avec le parvis de la cathédrale, la maison est reliée à la rue des Gras par l'escalier des Grands Gras.

La maison de la famille Pascal donnant sur la rue des Chaussetiers est décrite par Florence Chanut : « Au XVIIe siècle, la partie sud de la maison de Pascal est composée d'un corps de logis à l'alignement rue des Petits-Gras (actuellement rue des Chaussetiers) et d'un autre en retour légèrement plus bas (2 étages) adossé à l'enceinte de la ville épaisse de 2 mètres environ. Faisant pendant à la tourelle de la maison du Ranquet, une tourelle d'escalier octogonale (?) accessible de la cour par une porte ogivale, articule ces deux corps de logis ».

L'hôtel de Langheac, dessin d'Emile Thibaud (Cote : MS 1001 3)
L'hôtel de Langheac (Cote : MS 1001 3)

Voici un dessin d'Emile Thibaud de la maison de Blaise Pascal donnant sur la rue des Chaussetiers qui nous restitue son architecture d'époque renaissance ; Pierre de Nolhac la décrit ainsi : « Les vieux hôtels de Clermont, ceux du 17e siècle comme ceux de la Renaissance, qu'il faut chercher en des rues étroites et obscures, ressemblent à ces reliures dites « jansénistes » dont les plats de sombre cuir n'offrent aucune sorte d'ornement et qui réservent leur parure d'or pour l'intérieur ». Suite à la découverte de Benoît Gonod, un buste de Blaise Pascal est scellé sur le balcon du 2ème étage de l'immeuble.

Ces deux maisons font partie d'un ensemble décrit en ces mots par Florence Chanut « 4 bâtiments en équerre bâtis autour d'une cour intérieure» «Quadrilatère irrégulier», baptisé l'hôtel de Vernines accessible par deux entrées dont l'une donne sur la maison de Blaise Pascal. Cette cour intérieure deviendra par la suite « le passage Vernines », un passage public menant de la rue des Gras à la rue des Chaussetiers.

Photographie de la stèle sculptée en l'honneur de Blaise Pascal par Gustave Gournier
Stèle maison de Blaise Pascal © Gustave Gournier (Cote : GRA N 119 1 11)

Les travaux de la cathédrale de Clermont-Ferrand entraînent la démolition de la maison de Blaise Pascal : la maison rue des Gras est démolie en 1900 pour permettre la construction du perron de la cathédrale. L'idée de créer un musée Pascalien est émise par Bellaigue de Bughas qui souhaite voir sauver la chapelle. Maurice Barrès souhaite voir également sauver la maison. Mais elle sera détruite. La maison de Pascal, rue des Chaussetiers est démolie en 1930 sur décision de la municipalité considérant les travaux de restauration comme inutiles sur un bâtiment jugé sans valeur historique  ni architecturale.

A l'occasion du Tricentenaire de la mort de Pascal en 1962, une plaque sculptée en pierre de Volvic par Gustave Gournier, ancien directeur de l'Ecole des Beaux Arts de Clermont-Ferrand est mise à l'emplacement de la maison de Blaise Pascal donnant sur la rue des Chaussetiers. Elle représente la maison de Blaise Pascal d'après le dessin de Thibaud, le blason de la famille Pascal, une évocation des Pensées, le triangle de Pascal, la roulette, la machine arithmétique, un livre ouvert avec Les Pensées et Les Provinciales ainsi que l'expérience de la découverte de la pression atmosphérique. Elle demeurera jusqu'en 1998.